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La mise en commun des biens dans les premières communautés chrétiennes

23 janvier 2020 Repères chrétiens
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La mise en commun des biens dans les Actes des Apôtres était un appel et un défi

Les premiers chapitres des Actes des Apôtres décrivent une communauté chrétienne idéale, où chacun met spontanément tout en commun, au service du plus grand nombre :

Ac 2,42-45 «Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. 43 La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres. 44 Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ; 45 ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun».

On remarque le lien effectué par ce « sommaire » des Actes des Apôtres entre mise en commun des biens, et participation de la communauté à la fraction du pain, c’est-à-dire à la liturgie de l’Eucharistie. Pourtant, ce tableau idéal est remis en question par le récit concernant Ananie et Saphira, qui tentent de soustraire leurs biens à la communauté : Ac 5,1-2 : « Un homme du nom d’Ananie, avec son épouse Saphira, vendit une propriété ; 2 il détourna pour lui une partie du montant de la vente, de connivence avec sa femme, et il apporta le reste pour le déposer aux pieds des Apôtres ». Ce récit se termine par la mort des coupables (Ac 5,5-11). La violence du dénouement, comme l’intrigue même du récit illustrent les réticences des premiers Chrétiens devant l’exigence de partage liée à leur appartenance même à la communauté. Les premiers chapitres des Actes des Apôtres invitent ainsi au réalisme, en situant l’existence de tout chrétien entre un idéal éthique — le partage, la mise au service du plus grand nombre des propriétés privées — et les tentations plus égoïstes de la vie quotidienne. Cet idéal éthique est fondé sur la nature même de la communauté chrétienne, sur son identité spirituelle qui est exprimée dans le rite de la fraction du pain, dans le rite de l’Eucharistie.

Dans l'épître aux Corinthiens : Eucharistie et partage des biens

1 Co 11,17-34 traite des divisions de la communauté de Corinthe lors de la célébration du repas du Seigneur. Ces divisions sont liées à des disparités sociales : avant la célébration de la liturgie eucharistique, les chrétiens prennent un repas. Mais « chacun se hâte de prendre son propre repas, si bien que l’un a faim, tandis que l’autre est ivre » (1 Co 11,21). Autrement dit, le repas qui précède l’Eucharistie dans la communauté de Corinthe n’est pas un repas partagé, mais vient illustrer et souligner les disparités sociales qui fracturent la communauté chrétienne. La réflexion de Paul invite les Corinthiens à tirer les conséquences de ce qu’ils célèbrent dans l’Eucharistie. Ils y partagent un même pain — le Corps du Christ — et ce partage liturgique vient souligner l’égale dignité de tous les membres de la communauté. Ainsi, Paul invite chacun au discernement : « Celui qui mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable vis-à-vis du Corps et du Sang du Seigneur. Que chacun discerne avant de manger le pain et de boire à la coupe » (1 Co 11,27-28). L’Eucharistie est avant tout le lieu où le Seigneur lui-même vient à la rencontre de tous ceux qui y prennent part. Mais cette liturgie a également des prolongements éthiques : il s’y construit une relation nouvelle entre tous les membres de la communauté chrétienne, une relation fraternelle qui conduit à aller au-delà des fractures sociales, c’est-à-dire à les réduire par une plus juste répartition des biens.



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