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Les apôtres confrontés à des cultures différentes : l’exemple de Paul

21 septembre 2021 Eclairages spirituels
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Paul est le prototype du missionnaire des premiers siècles. Apôtre des nations, envoyé vers les païens, il est confronté dès le début de sa mission au dialogue interculturel. Le livre des Actes des Apôtres décrit à la fois les difficultés rencontrées et les solutions théologiques et pastorales que Paul élabore au fur et à mesure des rencontres. Un épisode en particulier retient notre attention : la visite à Athènes, un des hauts lieux du paganisme et de la philosophie.

 

Le pape François nous livre sa vision de ce débat décisif avec
l’Aéropage : « Nous poursuivons notre “voyage” avec le livre des Actes des apôtres. Après les épreuves vécues à Philippes, Thessalonique et Bérée, Paul accoste à Athènes, au cœur de la Grèce (cf. Ac 17, 15). Cette ville, qui vivait à l’ombre des antiques gloires malgré la décadence politique, conservait encore le primat de la culture. Là, l’apôtre « avait l’esprit exaspéré en observant la ville livrée aux idoles » (Ac 17, 16).
Mais cet “impact” avec le paganisme, au lieu de le faire fuir, le pousse à créer un pont pour dialoguer avec cette culture.


Paul choisit d’entrer en familiarité avec la ville et commence ainsi à fréquenter les lieux et les personnes les plus importants. Il va à la synagogue, symbole de la vie de foi ; il va sur la place, symbole de la vie citadine ; et il va à l’aréopage, symbole de la vie politique et culturelle. Il rencontre des juges, des philosophes épicuriens et stoïciens, et beaucoup d’autres personnes. Il rencontre tout le monde, il ne se renferme pas, il va parler avec tout le monde. Ainsi, Paul observe la culture, il observe l’environnement d’Athènes “à partir d’un regard contemplatif” qui découvre « ce Dieu qui habite dans ses maisons, dans ses rues et sur ses places » (Evangelii gaudium, 71). Paul ne regarde pas la ville d’Athènes et le monde païen avec hostilité mais avec les yeux de la foi. Et cela nous pousse à nous interroger sur notre façon de regarder nos villes : les observons-nous avec indifférence ? Avec mépris ? Ou avec la foi qui reconnaît les enfants de Dieu au milieu des foules anonymes ?


Paul choisit le regard qui le pousse à ouvrir un passage entre l’Évangile et le monde païen.

Au cœur d’une des institutions les plus célèbres du monde antique, l’aréopage, il réalise un extraordinaire exemple d’inculturation du message de la foi : il annonce Jésus-Christ aux adorateurs d’idoles, et ne le fait pas en les agressant, mais en se faisant “pontife, constructeur de ponts” » (Pape François, Homélie à Sainte-Marthe, 8 mai 2013).


Paul s’inspire de l’autel de la ville dédié à « un dieu inconnu » (Ac 17, 23) – il y avait un autel avec l’inscription « au dieu inconnu » ; aucune représentation, rien, seulement cette inscription. En partant de cette “dévotion” au dieu inconnu, pour entrer en empathie avec ses auditeurs, il proclame que Dieu « vit parmi les citadins » (Evangelii gaudium, 71) et « ne se cache pas à ceux qui le cherchent d’un cœur sincère, bien qu’ils le fassent à tâtons » (ibid.). C’est précisément cette présence que Paul cherche à dévoiler : « ce que vous vénérez sans le connaître, voilà ce que, moi, je viens vous annoncer » (Ac 17, 23).


Pour révéler l’identité du dieu que les Athéniens adorent, l’apôtre part de la création, c’est-à-dire de la foi biblique dans le Dieu de la révélation, pour arriver à la rédemption et au jugement, à savoir le message proprement chrétien.

Il montre la disproportion entre la grandeur du Créateur et les temples construits par l’homme, et il explique que le Créateur se laisse chercher toujours davantage pour que chacun puisse le trouver. Ainsi, selon une belle expression du pape Benoît XVI, Paul « annonce celui que les hommes ignorent, et pourtant connaissent : l’Inconnu-Connu » (Benoît XVI, Rencontre avec le monde de la culture au Collège des Bernardins - Paris, 12 sept. 2008). Ensuite, il invite chacun à aller au-delà des “temps de l’ignorance” et à se décider pour la conversion en vue du jugement imminent. Paul aborde ainsi le kérygme et fait allusion au Christ, sans
le citer, le définissant comme l’homme que Dieu a « accrédité auprès de tous en le ressuscitant d’entre les morts » (Ac 17, 31).


Et voilà le problème. La parole de Paul qui, jusqu’alors, avait tenu ses interlocuteurs en haleine – parce que c’était une découverte intéressante – se heurte à une pierre d’achoppement : la mort et la résurrection du Christ apparaît comme une “folie” (1 Cor 1,23) et fait l’objet de moqueries et de dérision. Alors Paul s’éloigne : sa tentative
semble avoir échoué mais, en fait, quelques-uns adhèrent à sa parole et s’ouvrent à la foi. Parmi ceux-ci un homme, Denys, membre de l’aréopage, et une femme, Damaris. À Athènes aussi l’Évangile prend racine et peut courir à deux voix : celle de l’homme et celle de la femme !


Demandons, nous aussi, aujourd’hui à l’Esprit Saint de nous apprendre à construire des ponts avec la culture, avec ceux qui ne croient pas ou qui ont une croyance différente de la nôtre. Toujours construire des ponts, toujours la main tendue, sans agression. Demandons-lui la capacité d’inculturer avec délicatesse le message de la foi, en posant sur ceux qui sont dans l’ignorance du Christ un regard contemplatif, mû par un amour qui réchauffe même les cœurs les plus endurcis.




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