Qu'est-ce que le principe de subsidiarité ?
« Une société nourrie par l’idée de subsidiarité part d’en bas et laisse d’abord chacun développer toute son action. On accomplit une action lorsque le niveau d’en bas ne peut pas l’accomplir. »
Chantal Delsol
« Dans la définition des attributions, le principe de subsidiarité consiste à renverser l’organigramme, mettant les exécutants au sommet et recherchant tout ce qu’ils sont capables de faire par eux-mêmes. Puis faire redescendre d’un échelon les tâches qui échappent à leur compétence, et ainsi de suite, de proche en proche, jusqu’au chef de l’entreprise. »
André Courtaigne, Professions et Entreprises N° 795 10/1991
Bien des personnes font de la subsidiarité sans le savoir. Et tous ceux qui connaissent ce principe en sont convaincus. Et pour cause. Il s’agit d’une approche de l’organisation de l’entreprise aussi efficace (...)
La subsidiarité n’est pas un idéal à atteindre mais un guide pour agir et poser des décisions.
Les réponses apportées seront différentes d’une entité à l’autre, d’une personne à l’autre.
En effet, par nature, le principe de subsidiarité conduit à personnaliser les solutions pour répondre à la variété des situations des personnes et des entités. L’application de la subsidiarité n’aboutira donc pas aux mêmes solutions entre deux entités voisines.
Son application demande aussi une adaptation dans le temps. Il est nécessaire d’essayer, d’expérimenter, d’accepter les erreurs, de revenir en arrière… En particulier, son déploiement peut demander du temps pour permettre aux esprits et aux comportements de s’adapter aux exigences découlant du principe.
Cependant, autant être cohérent et appliquer le principe dans la mise en place d’un fonctionnement subsidiaire : oser faire confiance aux collaborateurs. Ils sauront trouver les bonnes solutions.
Extrait du Cahier La subsidiarité
La subsidiarité dans l'encyclique Caritas in Veritate
Le principe de subsidiarité [137], expression de l’inaliénable liberté humaine, est, à cet égard, une manifestation particulière de la charité et un guide éclairant pour la collaboration fraternelle entre croyants et non croyants. La subsidiarité est avant tout une aide à la personne, à travers l’autonomie des corps intermédiaires. Cette aide est proposée lorsque la personne et les acteurs sociaux ne réussissent pas à faire par eux-mêmes ce qui leur incombe et elle implique toujours que l’on ait une visée émancipatrice qui favorise la liberté et la participation en tant que responsabilisation. La subsidiarité respecte la dignité de la personne en qui elle voit un sujet toujours capable de donner quelque chose aux autres. En reconnaissant que la réciprocité fonde la constitution intime de l’être humain, la subsidiarité est l’antidote le plus efficace contre toute forme d’assistance paternaliste. Elle peut rendre compte aussi bien des multiples articulations entre les divers plans et donc de la pluralité des acteurs, que de leur coordination. Il s’agit donc d’un principe particulièrement apte à gouverner la mondialisation et à l’orienter vers un véritable développement humain.
Le principe de subsidiarité signifie qu’une société d’ordre supérieur ne doit pas assumer des fonctions qui reviennent à une société d’ordre inférieur, la privant de ses compétences. Elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité. (CEC §403)
Beaucoup de chrétiens pressentent bien qu’il est une clef du fonctionnement harmonieux de la société et parallèlement de l’épanouissement de la personne mais s’ils sont capables de critiquer les dysfonctionnements d’une communauté, dirigée d’une façon autoritaire ou à contrario laxiste, ils ne savent pas toujours pour autant ce qu’il faut faire pour changer les choses quand eux-mêmes sont en charge d’une responsabilité.
Quelques clés pour les y aider :
- Fixer le cadre de l’autonomie.
- Clarifier la mission, en échangeant et en vérifiant que le contenu de la mission est assimilé.
- Discerner correctement, prudemment et progressivement les capacités.
- Contrôler judicieusement l’usage qui est fait de l’autonomie.
Quelques questions pour savoir si vous osez la subsidiarité !
♥ Garder une position de décideur à tout prix
♦ Oublier de permettre à l’entreprise de rester compétitive
Prière et subsidiarité
Chacun peut prier où, quand et comment il veut, dans sa chambre, en famille, en groupe, dans les transports, dans la louange, la demande, l’oraison, avec la liturgie ou la prière des heures… Il y a donc autonomie de l’homme en prière.
Comme le dit Paul aux Romains (8, 26) : « Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. » Il y a donc aide de Dieu dans la prière de l’homme.
Jésus priera le Père mieux que nous ; c’est ce qu’il fait dans sa prière sacerdotale : « Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi. » (Jn 17, 9) C’est ce qu’il dit à Pierre : « Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. » (Lc 22, 32) Il y a donc suppléance de Jésus dans la prière de l’homme.
Enfin, à la demande des apôtres, Jésus leur enseigne comment prier avec le Notre Père (Lc 11, 2). Jésus lui-même, notre « hiérarchique », le grand prêtre par excellence, vient nous transmettre son expérience.
Pourquoi ce livret ? Faire comprendre ce principe essentiel de subsidiarité en vue de son application en entreprise.
Son énoncé est simple : "Donner la responsabilité de ce qui peut être fait au plus petit niveau d’autorité compétent pour résoudre le problème. ». En revanche, son application s’avère plus complexe. Le contraire serait étonnant car la subsidiarité touche aux relations des personnes avec les communautés auxquelles elles appartiennent et traite de la subordination des communautés entre elles. Tout le fonctionnement de la société est concerné…
Bibliographie
Publié en mars 2014 Presses universitaires d’Aix-Marseille, collection du Centre d’éthique économique, l’ouvrage de Jean-Yves Naudet éclaire le concept de subsidiarité.
La subsidiarité est un concept « à la mode », souvent mal compris et mal interprété, et rarement appliqué. Il est né au sein de la Doctrine sociale de l’Église, mais il figure désormais dans de nombreux textes, à commencer par les traités européens.
Cet ouvrage veut faire le point sur le principe de subsidiarité, aussi bien dans ses fondements, que ce soit dans la philosophie ou dans la Doctrine sociale de l’Église, que dans ses applications possibles à l’entreprise, la protection sociale, l’Europe ou la science économique. Pour les auteurs, la subsidiarité peut être un élément de réponse à la crise économique et morale que vivent nos sociétés.
Comment s’appuyer sur les enseignements de la pensée sociale chrétienne pour exercer ses responsabilités au quotidien ?
La pensée sociale chrétienne donne des principes de réflexion, des critères de jugement, des directives d’action à tous ceux qui cherchent à mettre en adéquation leur foi et leurs responsabilités. Avec cette formation et ces enseignements, vous trouvez les moyens concrets d'exercer vos responsabilités en étant "alignés" avec vous-mêmes.
Retrouvez les dates ici :