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Donner toute sa place au don dans notre vie
Si la Destination Universelle des Biens est d’abord une question de justice, elle ne saurait être mise en œuvre sans la charité.
En effet, la charité « est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix »1. Plus profondément, elle est essentielle à la vie de toute personne qui est faite pour l’amour.
La charité et la justice sont inséparables. D’une part « La charité dépasse la justice, (…) aimer c’est donner, offrir du mien à l’autre ; mais (la charité) n’existe jamais sans la justice qui amène à donner à l’autre ce qui est sien, c’est-à-dire ce qui lui revient en raison de son être et de son agir. Je ne peux pas « donner » à l’autre du mien, sans lui avoir donné tout d’abord ce qui lui revient selon la justice.
Qui aime les autres avec charité est d’abord juste envers eux. »2
Dans un autre sens, « Si hier on pouvait penser qu’il fallait d’abord la justice et que la gratuité devait intervenir ensuite comme un complément, aujourd’hui, il faut dire que sans la gratuité, on ne parvient même pas à réaliser la justice »3
Enfin, « la charité dépasse la justice et la complète dans la logique du don et du pardon. La cité de l’homme n’est pas uniquement constituée par des rapports de droits et de devoirs, mais plus encore, et d’abord, par des relations de gratuité, de miséricorde et de communion. La charité manifeste toujours l’amour de Dieu, y compris dans les relations humaines. Elle donne une valeur théologale et salvifique à tout engagement pour la justice dans le monde. »
C’est pour cela que le principe de Destination Universelle des Biens ne peut être compris qu’en faisant une large place au don et à la gratuité comme expressions de l’amour.
C’est ainsi qu’il pourra être pleinement humain. En effet, «. L’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance. »4
Le don doit trouver sa place dans nos activités personnelles comme professionnelles, pour rendre (un peu) de ce que nous recevons gratuitement du Créateur, que ce soit en temps, en argent, en relation à autrui.
Il doit aussi trouver sa place dans le fonctionnement même de la société. Il s’agit de répondre avec résolution et audace à l’invitation de Benoit XVI : « le principe de gratuité et la logique du don, comme expression de la fraternité, peuvent et doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. »5
Nos entreprises sont également concernées. Nous pouvons prendre en compte les temps de bénévolat pris avec le soutien de l’entreprise par les salariés mais aussi le temps passé par les dirigeants à écouter et à parler, avec une attitude d’empathie réelle pour les salariés ou les exclus de l’entreprise. La demande de Benoit XVI va plus loin. Elle concerne tout le fonctionnement de l’entreprise.
Source : Cahier des EDC La destination universelle des biens
- Caritas in veritate §1. ↵
- Caritas in veritate §6 ↵
- Caritas in veritate §38 ↵
- Caritas in veritate §34. « En effet, c’est par le libre don de soi que l’homme devient authentiquement lui-même, et ce don est rendu possible parce que la personne humaine est essentiellement « capable de transcendance »Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise §391. ↵
- Caritas in veritate, §35. Ce paragraphe de l’encyclique provoqua un choc. Il fut au départ largement incompris. Nombreux furent les chrétiens qui pensèrent que le Pape s’aventurait dans un domaine où il n’était pas compétent. Ce n’est qu’avec le temps que l’extraordinaire fécondité de cette intuition s’est révélée. En effet, le don est la gratuité sont essentiels au fonctionnement de l’économie elle-même. Nous n’avons pas fini d’en tirer les conséquences pratiques. ↵
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