Presse et communication digitale
La bienveillance ou vouloir le bien de chacun
On sera étonné de trouver dans cette réflexion sur le rôle du dirigeant le thème de la joie. Elle est pourtant à sa place dès l’instant que l’on s’intéresse au bien commun. L’homme est fait pour le bonheur. Le message évangélique des béatitudes décline ce thème comme pour en souligner l’importance et ceci vaut aussi dans la vie professionnelle : on ne peut s’installer dans la tristesse pour conduire une équipe et motiver des collaborateurs.
C’est la conviction de Paul-Hervé Vintrou, qui a consacré un ouvrage entier à cette question1 : « Mettre de la bonne humeur dans l’entreprise n’est pas nouveau, de nombreuses organisations complètent la culture d’entreprise en intégrant des notions comme l’ambiance détendue, la convivialité, la liberté de ton. Mais la joie, en tant qu’outil puissant de management au service d’une efficacité individuelle et collective, est une solution pour faire progresser les entreprises. Elle introduit notamment de la créativité là où les méthodes traditionnelles et les discours rationnels ne passent plus. En fait, il ne s’agit pas d’être optimiste ou pessimiste mais d’être joyeux. Je ne propose pas une doctrine de pensée optimiste, je souhaite seulement vous faire connaître une voie qui peut changer le climat de l’entreprise. La joie comme ressource de l’entreprise au même titre que le chiffre d’affaires, l’EBITDA, la marque, etc2. »
Cette joie suppose de la part du manager un état d’esprit à cultiver qui passe notamment par une attitude de bienveillance3 et d’émerveillement.
Bien commun en entreprise : la bienveillance ou vouloir le bien de chacun
Matthew Prior, un poète et diplomate anglais de l’époque de la Restauration, donne ce précepte invitant à une bienveillance systématique envers autrui : « Pour ses vertus, sois bienveillant ; pour ses défauts, un peu aveugle ; laisse tous ses chemins ouverts et apaise son esprit4 ». Dans une entreprise, une telle bienveillance est source de dynamisme et de créativité. Le regard d’autrui peut être terriblement pesant au point de paralyser et de stériliser l’action. Insister sur l’échec de l’autre, le fige dans la médiocrité ; la confiance ouvre à nouveau le champ des possibles. Tous les enseignants savent bien que l’on peut maintenir un élève dans la catégorie des cancres et, au contraire, que l’on peut essayer de l’en faire sortir en le rehaussant au rang des capables.
Dans l’entreprise, l’expérience est très semblable. Il est bien connu que les personnes ont tendance à se conformer au regard que l’on porte sur eux5. Si un manager regarde un collaborateur avec défiance, en pensant d’abord « à ses défauts », en imaginant toutes les difficultés qu’il pourrait lui poser, les chances que ce dernier perde confiance et échoue augmentent considérablement. A l’inverse si le manager regarde son collaborateur avec confiance, en pensant d’abord à ses qualités, il renforce ses possibilités de réussite.
Regarder avec bienveillance dans le cadre du bien commun n’est pas seulement porter un regard favorable et indulgent. C’est aussi, comme l’étymologie (Bene volens) l’indique « vouloir le bien ». C’est vouloir que chacun puisse « devenir ce qu’il est » et puisse « atteindre sa perfection d’une façon totale et plus aisée… ». C’est vouloir qu’il apporte ses talents et contribue pour la part qui est la sienne à la construction du bien commun de l’entreprise6.
Il y a une part de gratuité dans le regard porté. Regard qui part de la personne pour ce qu’elle est, pour ce qui fait sa valeur en ayant compris qu’en s’appuyant sur ses talents elle pourra le mieux participer à la vie de l’entreprise.
Il importe donc de prendre du temps avec les personnes pour découvrir et faire ressortir les potentialités souvent inconnues ou laissées sous le boisseau. Le regard bienveillant est une clé dans le domaine des relations professionnelles. Très vite ce regard peut se changer en émerveillement.
Questionnements du dirigeant :
- Qu’est-ce que je fais pour connaitre les personnes avec lesquelles je travaille ? Est-ce que j’y consacre suffisamment de temps ?
- Comment est-ce que j’équilibre la bienveillance et l’exigence ?
- Qu’est-ce que je fais pour que mes managers fassent la même chose auprès de leurs équipes ?
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