L’été pour faire une place à l’instant présent … une méditation de la pasteur Francine Carillo

Quand vient l’été vient le désir de se laisser aller,
d’en finir avec les contraintes et les plaintes
pour retrouver la légèreté, la simplicité d’être.
Quand vient l’été vient le désir de ralentir le pas,
de se promener doucement dans sa vie
pour en cueillir le goût, en savourer le relief.
Quand vient l’été vient le désir de s’élever
au-dessus des brumes du chemin
pour renouer avec ce qui en soi est vivant.
On voudrait tant se poser dans la tranquillité,
laisser fleurir le silence,
soigner la qualité de sa présence.
Mais à vouloir ainsi, on risque le désespoir,
car la vie est toujours de « l’autre »
qui fracture les envies et découd les projets.
Elle sème le désordre chez les plus organisés,
emmène les plus prévoyants en terre d’imprévu,
fait taire toute prétention à la maîtrise.
Le malheur n’est pas qu’il en soit ainsi,
il est de se raidir dans ses attentes,
de préférer ses rêves à l’appel du présent.
Il est surtout de bouder l’inédit,
qui a pourtant force de révélation
quand on renonce à la frustration.
La vraie joie prend par surprise,
elle surgit moins de ce que l’on prévoit
que de la réponse que l’on offre à ce qui arrive.
Aux matins pluvieux comme aux matins heureux,
aux heures tragiques comme aux heures magiques,
il n’y a d’autre bonheur que celui de répondre présent.
Alors, vient le souffle de rester debout
et cette douceur du lointain quand on ouvre les mains
pour accueillir ce qui aujourd’hui sera pain.

Francine Carillo est théologienne, pasteure et écrivaine suisse.  Depuis quelques années, elle voue une passion pour  l’écriture liturgique et poétique et a travaillé à un renouveau de la pratique de l’accompagnement spirituel dans la tradition protestante. Elle est l’auteur de Vers l’inépuisable, et a reçu en 2011 le Prix Colladon pour Le Plus-que-vivant, un recueil de 65 méditations inspirées du Nouveau Testament.