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Entrée en Carême par le pasteur Philippe Eber

08 mars 2021 Eclairages spirituels
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Nous sommes entrés en carême. Quel sens pouvons-nous lui trouver, alors que nous sommes en quarantaine depuis plus d’un an déjà ? Pour certains, faire carême signifie renoncer, mais n’avons-nous pas déjà renoncé à partager un repas ensemble, à nous rassembler, à tendre la main ou à nous embrasser ? Pour d’autres, le carême nous appelle au partage, selon l’exhortation du prophète Ésaïe : Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable(1) ?

Alors, quarante jours pourquoi ?

De l’Écriture, j’aimerais retenir deux expressions :

–La première est adressée par Jésus à ses disciples : convertissez-vous et croyez à l’Évangile(2).  Le verbe grec que nous traduisons volontiers par (se) convertir, se tourner ou se retourner, signifie aussi regarder derrière ce que nous percevons d’emblée.

D’ailleurs, lorsque Jésus appelle ses disciples à se convertir, à se tourner vers le Père, il ne les presse pas à retourner en arrière, au contraire, il les incite, avec le Père à regarder en avant, regarder au-delà de ce que nous percevons d’emblée, au-delà de ce que nous croyons savoir. Et celui qui se retourne et qui regarde au-delà, resplendira dit le psalmiste : celui qui regarde vers le Seigneur resplendira, sans ombre ni trouble au visage(3).

 

–La deuxième expression que j’aimerais retenir pour ce temps de carême, qui nous conduira à revivre le Mystère Pascal, est tirée de la lettre de Pierre : exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves(4).

Jésus ne disait-il pas déjà à ses disciples : quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu(5) ? La lettre de Pierre prolonge cet appel du Christ, en invitant les chrétiens à exulter de joie ! Ainsi, la joie du Christ insufflée par l’Esprit saint, doit-elle les traverser et faire exulter tout leur être, littéralement les faire bondir ! Le pape François dira de cette joie débordante, qu’elle est le souffle, la manière de s’exprimer du chrétien6.

Philippe Jaccottet(7), à travers toute son œuvre a osé écrire et imposer le mot “Joie” comme un feu léger mais opiniâtre au-dessus du malheur et à travers la nuit(8).

 

Celui qui regarde au-delà et qui se laisse saisir par cette joie incandescente, ne pourra que semer cette joie comme un feu léger… Et celui qui regarde au-delà et qui se laisse bousculer par la joie du Christ, ira de commencement en commencement(9) !

Pasteur Philippe Eber

Conseiller spirituel Équipe Strasbourg  – E / Strasbourg Saint-Pierre-le-Jeune

 

 

(1)Ésaïe 58,6-7
(2)Marc 1,15
(3)Psaume 34,6
(4)1 Pierre 1,6
(5)Matthieu 6,16-21
(6)Pape François, Méditation du 28 mai 2018
(7)Philippe Jaccottet décédé le 24 février 2021
(8)Hommage de Jacques Dupin
(9)Saint Grégoire de Nysse




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