Presse et communication digitale
Nicolas Masson dans l'émission "L'éco des solutions"
Nicolas, vous vouliez nous reparler de la destination universelle des biens. Vous disiez que ce principe était méconnu et insuffisamment aimé. Mais quel est ce principe ?
C’est un des 6 principes de la Pensée Sociale Chrétienne. Il nous rappelle que « Dieu a destiné la terre et tout ce qu'elle contient à l'usage de tous les Hommes et de tous les peuples » et que donc ses biens « doivent équitablement affluer entre les mains de tous »(Gaudium et Spes, 69).. Si on entend le commandement du Christ de nous « aimer comme des frères » c’est une évidence. Qui peut dire vouloir suivre le Christ sans veiller à ce que ses frères reçoivent ce qu’il leur faut pour vivre une « vie bonne » ?
Pourquoi dites-vous que ce principe est insuffisamment connu et aimé ?
Ce qui me frappe est l’opposition de deux réalités. La première est que l’évidence de la destination universelle des biens nous dérange. Soyons lucide : l’idée de devoir partager nous bouscule voire nous agresse.
La seconde est que parmi les principes de la Pensée Sociale Chrétienne la destination universelle des biens devrait être celui qui nous mobilise le plus car il est celui qui peut nous rendre le plus heureux. En effet, il nous invite à donner. Or comme nous le rappelle Gaudium et Spes : « L’homme […] ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même ». Qui n’a pas fait l’expérience de la joie de donner. Benoit XVI enfonce le clou « L’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa transcendance. »(Caritas in Veritate §34). Il est sa joie.
Mais ce principe qui est un principe moral peut-il contribuer à transformer le monde ? N’est-ce pas utopique ?
Le Commandement de nous aimer serait-il une utopie ? Non ; Il en est de même pour l’invitation de participer à la Destination universelle des biens. Comme tous les principes de la PSC, il est une direction à prendre.
Ceci dit, je ferai deux remarques :
D’abord, nos systèmes politique, économique, moraux sont à bout de souffle. Dans l’enquête 2024 des Entrepreneurs et Dirigeants chrétiens 55% des répondants pensent que nous allonschanger de modèle économique. 14 points de plus qu’il y a deux ans ! Il faut s’y préparer.
Dans cette évolution, la Pensée Sociale Chrétienne et tout particulièrement la Destination Universelle des Biens est le meilleur logiciel. Elle nous permet d’éviter l’impasse du collectivisme comme le scandale de la possession égoïste des plus riches. Sur la distribution des richesses, la Pensée Sociale Chrétienne est originale. En effet, la mise en œuvre de la destination universelle des biens n’est pas qu’une affaire de loi ou de contrainte. Elle doit d’abord être le résultat de l’action de chacun de nous, de nos familles, de nos entreprises.
Surtout, la Destination Universelle des Biens ne nous demande pas de nous séparer de ce que nous avons mais « de le faire fructifier et d’en communiquer les bienfaits à ceux qui en ont besoin, et d’abord à nos proches » (CEC, n 2404). C’est très concret. Chacun peut s’y mettre. J’ai la conviction que là est la source de la révolution économique à venir.
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