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Les enjeux du sens du travail, tant pour les entreprises que pour les personnes

18 juillet 2018 Repères chrétiens
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Le travail des hommes porte de grands enjeux. Le pape François, nous rappelle que « Sur la terre, il y a peu de joies plus grandes que celles dont on fait l’expérience en travaillant, comme il y a peu de douleurs plus grandes que les douleurs du travail, quand le travail exploite, écrase, humilie, tue ».1 L’enjeu est également important pour les entreprises. En effet, la motivation des équipes, leur souci de faire un travail de qualité sont des sources d’efficacité évidente.

Malgré la hausse de la question du sens du travail chez les jeunes, le travail est donc peu traité pour lui-même et, quand il l’est, c’est rarement dans toute sa dimension humaine.

Ainsi, les gouvernements et les économistes parlent sur-tout de l’emploi. Cette notion a l’avantage de pouvoir être quantifiée : un emploi est comme une case à créer ou à remplir. Il peut donc être comptabilisé et faire l’objet de statistiques. Depuis quelques années, à la suite de la crise au sein de France Télécom, le travail est abordé 2.

Les entreprises à la demande de leur CHSCT font des expertises sur les Risques Psychosociaux3 ou proposent de façon préventive des programmes sur la Qualité de Vie au Travail. Certes il y a de la souffrance et la prévention des risques psychosociaux ne s’est pas développée sans cause, mais l’observation du terrain montre que la situation, sans être idyllique, est loin d’être catastrophique. Dans les enquêtes d’opinion4 auprès des collaborateurs, dans la majorité des entreprises, 90% des répondants disent aimer leur métier (dont souvent plus de la moitié avec enthousiasme). La satisfaction au travail, presque toujours plus faible, dépasse souvent les 80 / 85 %. Ces résultats sont corroborés par les constats que l’on peut faire lorsque l’on interroge des personnes sur leur travail.

Notre société véhicule une vision trop souvent pessimiste du travail. Les médias et la culture y ont leur part5. En effet, la presse d’actualité, le cinéma, les séries, la littérature insistent davantage sur les conflits, la pression sur les résultats, le manque de sens ou de reconnaissance, l’épuisement au travail, les abus des managers, la taylorisation, les injustices, l’arrivisme, le sentiment d’impuissance… Les raisons de ce pessimisme sont multiples. Sans chercher à être exhaustifs, nous pouvons relever :

  • La montée des loisirs. L’épanouissement est conçu en dehors du temps de travail dans la famille ou dans les loi- sirs. De façon très schématique, le travail est devenu une source de revenus permettant de financer ses besoins et ses loisirs. Il est alors vu comme une dépendance nécessaire.
  • Le travail salarié est en crise. La promesse de sécurité contre l’acceptation d’une subordination ne peut plus être tenue.
  • Le pessimisme général et la propension à dénigrer : « Le travail dans les entreprises, c’est une horreur ! Remarquez : moi, je ne me plains pas de mon entreprise, j’ai un bon travail ».

Questions : Comment parlons-nous du travail de nos collaborateurs ? Donnons-nous la parole à nos collaborateurs sur la façon dont ils vivent leur travail ? Comment développons-nous le sens du travail ? L’organisation que nous mettons en place permet-elle de développer un travail de qualité ? Que pouvons-nous faire pour améliorer ? L’éducation au sens du travail : quelle image donnons-nous du travail ?

Source : Cahier des EDC La dignité de l’homme au coeur de l’entreprise

 
  1. Pape François, rencontre avec le monde du travail, visite pastorale à Gênes du samedi 27 mai 2017 – Établissement de l’Ilva. 
  2. Le travail est-il davantage en crise aujourd’hui que pour les générations précédentes ? Rien n’est moins sûr ! Il suffit en effet de se souvenir de la question ouvrière de la fin du XIXe siècle, du scandale du travail des enfants, des journées de 11 heures… À chaque époque ses problèmes. Il est plus juste d’écrire que la question du travail sera toujours d’actualité car « de nouvelles interrogations, de nouveaux problèmes se posent sans cesse, et ils font naître toujours de nouvelles espérances, mais aussi des craintes et des menaces liées à cette dimension fondamentale de l’existence humaine, par laquelle la vie de l’homme est construite chaque jour, où elle puise sa propre dignité spécifique, mais dans laquelle est en même temps contenue la constante mesure de la peine humaine, de la souffrance et aussi du préjudice et de l’injustice (Laborem Exercens §1) ». 
  3. Remarquons que les approches de Préventions des Risques Psychosociaux, lorsqu’elles n’abordent pas le travail lui-même, posent problème. Comme le soulignait le sociologue Philippe Zarifian : « On arrive en partie à ce tour de force de parler de la souffrance au travail sans parler du travail ! » (Colloque organisé par la CGT le 2 juillet 2010 sur Les transformations du travail et le développement humain durable). Une entreprise mettant en place une démarche Qualité de Vie au Travail devrait porter la plus grande attention à la conception de l’homme et du travail qu’elle véhiculera ! 
  4. Quand, dans une enquête d’opinion, on pose la question « Aimez-vous votre métier ? » celle-ci est quasiment toujours celle qui obtient la réponse la plus élevée. 
  5. À l’exception de l’activité de l’artisan parfois idéalisée ou celle de la haute technologie. 



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