La solidarité est nécessaire pour rendre la société vraiment humaine
a/ La construction de la solidarité est un combat permanent
« Chaque génération doit faire siens les luttes et les acquis des générations passées et les conduire à des sommets plus hauts encore. C’est là le chemin. Le bien, comme l’amour également, la justice et la solidarité, ne s’obtiennent pas une fois pour toutes ; il faut les conquérir chaque jour. Il n’est pas possible de se contenter de ce qui a été réalisé dans le passé et de s’installer pour en jouir comme si cette condition nous conduisait à ignorer que beaucoup de nos frères subissent des situations d’injustice qui nous interpellent tous » (Fratelli tutti §11 - Rencontre avec les Autorités, la société civile et le Corps diplomatique, Santiago - Chili (16 janvier 2018).)
b/ La solidarité ne peut s’établir que dans une recherche exigeante de la vérité elle-même source de solidarité.
Ainsi que l’a rappelé Benoît XVI en parlant de
l’amour : « Ce n’est que dans la vérité que l’amour resplendit et qu’il peut être vécu avec authenticité. La vérité
est une lumière qui donne sens et valeur à l’amour. (…)
Dépourvu de vérité, l’amour bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide susceptible d’être arbitrairement remplie. C’est le risque mortifère qu’affronte l’amour dans une culture sans vérité. » (Caritas et Veritate, §3.)
La recherche de vérité est elle-même source de solidarité quand elle se fait dans le dialogue et le partage.
Chercher et trouver ensemble provoquent une joie commune. En cherchant la lumière l’homme se rapproche de ce qui l’éclaire, crée une proximité et désire transmettre ce qu’il a trouvé (Cf. Lc8,16 ; Mt 5,15.). « Cette lumière est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle l’intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l’amour : l’intelligence en reçoit le sens de don, d’accueil et de communion. » (Caritas et Veritate, §3.)
c/ La mise en œuvre du principe de solidarité demande une attention toute particulière vis-à-vis des plus fragiles.
Le professeur Jérôme Lejeune (1926-1994), découvreur de la trisomie 21 et père de la génétique moderne écrivait : « il faut dire clairement les choses, la qualité d’une civilisation se mesure au respect qu’elle porte aux plus faibles
de ses membres. Il n’y a pas d’autre critère de jugement. » (Symphonie de la vie, éd. Fondation Jérôme Lejeune p. 34.)
Benoît XVI insistait sur la souffrance : « La mesure de l’humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à
accepter les souffrants et qui n’est pas capable de contribuer par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine. » (Benoît XVI, Spe salvi, § 38 p. 58.)
Il rappelait également l’importance de la lutte contre la faim : « Donner à manger aux affamés (cf. Mt 25, 35.37.42) est un impératif éthique pour l’Église universelle, qui répond aux enseignements de solidarité et de partage de
son Fondateur, le Seigneur Jésus. Éliminer la faim dans le monde est devenu, par ailleurs, à l’ère de la mondialisation, une exigence à poursuivre pour sauvegarder la paix et la stabilité de la planète. La faim ne dépend pas tant d’une carence de ressources matérielles, que d’une carence de ressources sociales, la plus importante d’entre elles étant de nature institutionnelle. » (Caritas et Veritate §27.)
d/ La solidarité dans la fraternité va au-delà de la justice et apporte la paix.
« Seule, la justice ne suffit pas. Elle peut même en arriver à se nier elle-même, si elle ne s’ouvre pas à cette force plus profonde qu’est l’amour ». À la valeur de la justice, la doctrine sociale associe en effet celle de la solidarité, comme voie privilégiée de la paix. Si la paix est le fruit de la justice, « aujourd’hui on pourrait dire, avec la même justesse et la même force d’inspiration biblique
que la paix est le fruit de la solidarité. » (Sollicitudo rei socialis, §39.)
La relation de la paix et de la solidarité est devenue particulièrement évidente avec la mondialisation : « …la paix du monde est inconcevable si les responsables n’en viennent pas à reconnaitre que l’interdépendance exige par elle-même que l’on dépasse la politique des blocs, que l’on renonce à toute forme d’impérialisme économique, militaire ou politique, et que l’on transforme la défiance réciproque en collaboration. Cette dernière est précisément l’acte caractéristique de la solidarité entre les individus et les nations. (…) L’objectif de la paix, si désiré de tous, sera certainement atteint grâce à la mise en œuvre de la justice sociale et internationale, mais aussi grâce à la pratique des vertus qui favorisent la convivialité et qui nous apprennent à vivre unis afin de construire dans l’unité, en donnant et en recevant, une société nouvelle et un monde meilleur. » (Saint Jean-Paul II, Sollicitudo Rei Socialis, §39. L’encyclique précisait : « La devise du pontificat de mon vénéré prédécesseur Pie XII était Opus iustitiae pax, la paix est le fruit de la justice. Aujourd’hui on pourrait dire, avec la même justesse et la même force d’inspiration biblique (cf. Is 32, 17; Jc 3, 18) : Opus solidaritatis pax, la paix
est le fruit de la solidarité ».
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