Presse et communication digitale
Entrepreneur et dirigeant chrétien, Emmanuel BLIN
Emmanuel Blin est président international du mouvement Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC), une association regroupant 3.500 Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. Installé à Bruxelles avec sa famille, il est également le fondateur et le CEO de Tech Care for All, une entreprise spécialisée dans la tech médicale pour les pays pauvres. Pourquoi les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens cherchent-ils une unité intérieure dans leur existence de décideur ? Comment mettre davantage de sens dans son entreprise au service du bien commun ? Il est interrogé au micro de Jacques Galloy.
Les EDC l’ont aidé à recentrer sa vie
Les EDC ont presque 100 ans et fêteront leur centenaire en 2026 à Lyon. C’est un mouvement de patrons chrétiens, né suite à l’encyclique sociale Rerum Novarum. Initialement français, il compte aujourd'hui environ 3.500 membres répartis en régions et commissions. Emmanuel est en charge de la région internationale et des liens avec des mouvements similaires à travers l’Uniapac, la fédération mondiale des mouvements chrétiens de dirigeants.
Il explique comment il a découvert les EDC à New York : “Je travaillais alors chez Bristol-Myers Squibb, où j’étais au comité exécutif, responsable de 15 000 personnes, avec une carrière très réussie en apparence mais un grand mal-être intérieur. Un ami a créé une équipe EDC à New York, et en y participant, j'ai pu réfléchir sur le bien commun. Les EDC m’ont aidé à réaliser que mon travail ne correspondait pas à mes aspirations profondes, ce qui m’a conduit à quitter mon poste et changer de vie à 47 ans. Ma femme Christine et moi avons pris la décision de quitter les États-Unis pour revenir en Europe, malgré les réticences d’un de nos fils. Nous avons déménagé à Bruxelles où nos enfants pouvaient poursuivre leur scolarité internationale.”
A ecouter : la chronique des EDC sur RCF : https://www.rcf.fr/actualite/la-chronique-des-edc
De cadre supérieur à entrepreneur pour le bien commun
Après avoir quitté la multinationale pharmaceutique, il a décidé de créer une entreprise dédiée à l’innovation en santé, principalement pour les pays pauvres. TechCare4All vise à rendre accessibles les technologies de santé digitale dans ces régions. Le but est d’aider, de former, d’accompagner les professionnels de la santé dans le monde, particulièrement dans les zones défavorisées où les besoins sont immenses : en Afrique, en Inde, au Moyen-Orient, en Asie. Par exemple, ils se concentrent sur la formation médicale continue pour les professionnels de la santé dans des pays d’afrique sub-saharienne et l’Inde, où les ressources éducatives en médecine sont quasiment inexistantes.
Emmanuel Blin poursuit: “En visitant le premier hôpital pédiatrique d’oncologie en Afrique de l’Est à Gaborone, au Botswana, j'ai découvert que les médecins n'avaient pas accès à des formations spécifiques en oncologie pédiatrique. Cela a renforcé notre objectif de fournir des programmes de formation continue, répondant ainsi à un besoin crucial pour les médecins et les patients dans ces régions.”
Emmanuel et son épouse Christine ont vécu une vie d’expatriés, où il était facile pour lui de s'adapter grâce à son travail. Christine, en revanche, a dû arrêter de travailler et s’adapter tous les 3-4 ans. Ensemble, ils ont pris toutes les décisions et se sont engagés dans les paroisses françaises et les aumôneries des lycées. En Europe, Christine a lancé une activité de psychothérapeute spirituelle à Bruxelles. Ils sont impliqués dans l'aumônerie du lycée français et animent l'association Life Project for Youth en Belgique, aidant les jeunes exclus en Asie du Sud-Est, au Liban et en Égypte.
EDC, un mouvement centenaire et bien vivant
Au départ, les Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) étaient un syndicat professionnel représentant les intérêts des patrons chrétiens, ce qui a duré jusqu'aux années 1980. Depuis environ quarante ans, le mouvement est devenu œcuménique, visant à unifier la vie de dirigeants chrétiens. Emmanuel explique que l'objectif est de ne pas séparer la foi et la vie professionnelle, en aidant les membres à intégrer leur foi dans leur rôle de dirigeants.
En Belgique, les EDC comptent une cinquantaine de membres à Bruxelles, en croissance avec des équipes de différents profils : dirigeants de filiales de grands groupes, managers d’entreprises belges, et entrepreneurs. Les équipes sont composées d'une dizaine de membres avec un conseiller spirituel (prêtre, pasteur, sœur ou diacre). Le mouvement est œcuménique, accueillant orthodoxes, protestants et catholiques.
Les réunions mensuelles, se déroulant typiquement de 19h30 à 22h00, sont structurées en trois temps : prière, partage des expériences du mois écoulé, et réflexion sur un thème choisi par l'équipe. Les thèmes sont variés, allant de l'impact de l'intelligence artificielle au management inspiré par la pensée sociale chrétienne. Le mouvement fournit une multitude de ressources pour guider ces réflexions.
La proportion de femmes dans le mouvement est d'environ 30%, et il y a un effort pour rajeunir les membres avec une section pour les moins de 40 ans. Les membres s'engagent annuellement avec une cotisation de 240€, tandis que les responsables ont des mandats de quatre ans.
Le mouvement des EDC offre à ses membres un accompagnement authentique et une équipe fraternelle pour partager leurs expériences. Ils prient ensemble, explorent des thèmes en profondeur, et répondent aux questions de chacun. Les membres participent à des formations, à divers événements, et accèdent à des ressources pour progresser collectivement dans l'exercice de leurs responsabilités.
Le mouvement organise également des assises régionales et nationales, alternant chaque année. Ces événements rassemblent des milliers de dirigeants chrétiens pour échanger sur des thèmes variés comme l’écologie intégrale et l'intelligence artificielle. Ces rencontres incluent des plénières, des ateliers et des moments de communion, offrant une riche expérience de ressourcement pour les participants. En outre, des journées de formation sur divers thèmes sont proposées aux membres.
Ce n’est pas le malheur qui compte, mais ce que l’on en fait.
Lorsqu’il évoque un souvenir d'enfance marquant, un souvenir particulier lui vient à l'esprit. Il a grandi en Afrique subsaharienne où son père travaillait comme correspondant pour l’Agence France-Presse. Durant son enfance, il a été expulsé de plusieurs pays, ce qui l’a conduit à être expulsé deux fois, de la République Démocratique du Congo et de l’Éthiopie. Une expulsion signifie que des militaires sont venu chercher la famille à la maison, l’ont mise dans un camion et l’ont emmené à l’aéroport, sans retour possible. Il explique que “ces expériences, bien que traumatisantes, m'ont inculqué un sens aigu de la tragédie ainsi qu'une résilience et une ténacité uniques. Elles m’ont appris que ce n’est pas le malheur qui compte, mais ce que l’on en fait.”
Sources d’inspirations
Emmanuel Blin est profondément inspiré par le pape François, notamment par un moment marquant où le pape a embrassé une personne défigurée par une maladie rare. Cette action symbolise pour lui la capacité d’accueillir chaque personne dans toute sa complexité et ses tragédies, sans jugement initial, et de rencontrer l’autre dans sa profondeur. La figure du pape François représente pour lui l'accueil et la compréhension, une source d'inspiration constante.
Le film "Le Temps des Gitans" l'a particulièrement marqué. Emmanuel a vécu en Hongrie, où il a été exposé à la culture tzigane. Il est fasciné par la liberté extrême des gitans, leur joie de vivre malgré des destins souvent tragiques, et leur capacité à surmonter les difficultés. Ce film, sorti dans les années 80 ou 90, résonne avec son expérience et son admiration pour cette culture.
Emmanuel admire profondément l'écrivain Stefan Zweig. Il considère que Zweig atteint des sommets littéraires par sa justesse dans la compréhension de la nature humaine. Zweig est exceptionnel dans son analyse des dynamiques de l'âme humaine et de son époque, notamment la montée des extrémismes. Emmanuel apprécie la capacité de Zweig à surprendre et à dévoiler les vérités humaines de manière subtile et légitime.
Le chalet familial des Blin, situé aux Gets en France près de Morzine, est un lieu de ressourcement essentiel pour Emmanuel. La vue sur le massif du Mont Blanc depuis le sommet du Mont Chéry est une source constante d'énergie et de paix. Il décrit ces moments de contemplation de la nature comme des occasions de se reconnecter avec lui-même et sa famille, renforçant leur intimité et vérité partagée.
La phrase du Christ "Suis-moi" au lac de Tibériade est une source d'inspiration quotidienne pour Emmanuel. Cet appel à suivre le Christ est un guide constant dans sa vie, influençant ses actions et ses réflexions chaque jour. Pour se ressourcer spirituellement, Emmanuel a besoin de silence et de verdure. Il trouve à Bruxelles, une ville verte avec de nombreux jardins, l’environnement parfait pour méditer et se reconnecter avec lui-même. Après avoir vécu à New York et Tokyo, il apprécie particulièrement les havres de paix que Bruxelles offre.
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