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Après Laudato si', tout reste à inventer (Tribune de Pierre Deschamps)

30 septembre 2015 Paroles de dirigeants
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La lecture de l’encyclique du pape François, Laudato si’, m’a enthousiasmé comme, j’imagine, vous tous : c’est, en effet, le premier texte relatif à la sauvegarde de la création qui associe, grâce au beau mot de maison commune, la question sociale et la question environnementale, réunies dans la notion d’écologie intégrale.

Fin août, Olivier Boidin, en commentant cette encyclique, nous a offert une très belle tribune. Je voudrais prolonger la réflexion d’Olivier en observant que le pape nous laisse un peu désemparés, car il propose aux hommes de bonne volonté un idéal, qu’ils n’atteindront jamais, à l’image de l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure que nous avançons. Et cet idéal, nous devons quand même le traduire dans la vie de tous les jours. Or, le terrain des initiatives à prendre reste à défricher, car le pape ne veut pas se substituer à nous pour trouver les applications concrètes de cet idéal. En particulier, dans le domaine économique et celui de l’entreprise, des principes sont énoncés mais qui laissent sans réponse des questions primordiales, comme celle de la relation entre emploi et croissance.

"Le travail est un facteur essentiel de la dignité de toute personne"

En effet, François rappelle que le travail est un facteur essentiel de la dignité de toute personne et, dans la continuité de Caritas in Veritate, il réaffirme l’objectif prioritaire de l’accès au travail pour tous, en particulier dans les pays pauvres, qui en sont bien loin. Mais, parallèlement, le pape condamne, à juste titre, un consumérisme compulsif et obsessif, qui est le privilège d’une infime minorité de riches, mais qui cause des dégâts environnementaux considérables et qui, surtout, continue de creuser l’écart entre riches et pauvres. Or, qui dit consumérisme dit croissance. Donc, en condamnant ce consumérisme, le pape remet en cause la croissance ou, en tout cas, il recommande de la ralentir et de la rendre sobre. Comment faire, dès lors, avec une croissance ralentie, voire nulle et peut-être négative, pour créer des emplois, dans tous les pays, qu’ils soient développés ou émergents ? N’est-ce pas là un problème insoluble ? Ainsi, en filigrane de son encyclique, le pape François nous demande de faire preuve de beaucoup de créativité pour inventer ces nouveaux modèles de croissance, afin qu’ils permettent de donner du travail au plus grand nombre. Nous, chrétiens, nous croyons que nous y parviendrons, car le message de François dans son encyclique est aussi un message d’espérance.
Pierre Deschamps, ancien président des EDC, membre de la commission Repères



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