Donner une place à chacun et faire participer les plus faibles

« Longue est la liste des épreuves qui accablent les hommes. Les textes évoquent tour à tour les aveugles, les sourds, le boiteux, le muet, les opprimés, les affamés, les enchaînés, les accablés, la veuve, l’orphelin, le pauvre… Le Seigneur est résolument de leur côté pour les guérir et les sauver, les soutenir jusqu’à en faire ses héritiers. En suivant le prophète Isaïe, on perçoit que ce renversement est une aventure collective – « les » aveugles – en même temps que personnelle – « le » boiteux. Mais plus encore, c’est un renouvellement de la Création elle-même « car l’eau jaillira dans le désert ».

Faire participer les plus faibles est notre devoir de chrétien

Dans l’entreprise, veiller à faire une place aux petits est une de nos contributions à la construction du Royaume, à la cocréation voulue dès la Genèse dans le plan de Dieu pour les hommes. Comme le disait le Pape François « C’est pourquoi, il a été dit à juste titre que les personnes handicapées sont les témoins privilégiés de l’humanité. Elles peuvent enseigner à tous ce qu’est l’amour qui sauve, et elles peuvent devenir des messagers d’un monde nouveau, non plus dominé par la force, par la violence et par l’agressivité mais par l’amour, la solidarité, l’accueil, un monde nouveau, transfiguré pas la lumière du Christ, le fils de Dieu incarné, crucifié et ressuscité pour nous »1

Comment faire en pratique ? L’accueil des plus faibles dans le contexte de l’entreprise, où prévalent le souci de l’efficacité, de la compétition, du résultat immédiat, ne s’improvise pas.

• D’abord, en changeant notre regard sur la faiblesse, en voyant dans l’autre le visage du Christ et notre propre visage, en distinguant la personne de son handicap et de sa faiblesse.
• Ensuite, en adaptant les organisations et les processus pour permettre aux plus faibles de donner leur plein potentiel. Ce n’est pas toujours simple, et peut affecter à court terme la « performance » d’un service ou d’une unité de production. Prendre le risque d’exposer un collaborateur plus fragile nécessite parallèlement de prévoir des moyens palliatifs pour assurer la bonne continuité des processus.
• En impliquant tous les collaborateurs dans le projet d’accueil des plus faibles, en faisant appel à l’intelligence collective. C’est le rôle des managers. Il passe concrètement par des actions de sensibilisation, de formation, par un soin apporté à la composition des équipes
• En faisant vivre dans l’entreprise le principe de subsidiarité. Il prend une tonalité particulière quand sont concernés des collaborateurs en faiblesse ou en difficulté. Plus que jamais, il faut oser la confiance.
• Enfin et avant tout par la vision et les valeurs portées par les dirigeants.

Faire participer les plus faibles est une richesse pour l’entreprise.

Accueillir la fragilité dans notre entreprise, c’est avant tout considérer que les fragilités sont une richesse pour tous, c’est adopter une attitude d’attention et d’écoute de l’autre et veiller à ce que cette attitude soit adoptée par le plus grand nombre, et en particulier par celles et ceux de nos collaborateurs qui sont en situation de management.

Mais bien accueillir les plus faibles c’est aussi les faire pleinement participer à la vie de l’entreprise. C’est en les rendant pleinement acteurs, en leur donnant des champs d’initiative qu’ils seront le plus eux-mêmes. Aujourd’hui, le pauvre ne peut plus être « celui sur lequel on se penche » il est un frère avec lequel on coopère.

Questions à se poser seul ou en équipe :
• Quelle place donnons-nous au plus fragiles dans l’entreprise ? Comment facilitons-nous leur participation ?

Source : Cahier des EDC Le principe de Participation