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Pape François : "En tant que base de l’épanouissement humain, le travail est une clé pour le développement spirituel."

26 décembre 2017 Repères chrétiens
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Voici des extraits du texte du pape François adressé au cardinal Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, à l’occasion de la conférence internationale d’organisations syndicales qui a lieu au Vatican, le 23 novembre 2017, sur le thème : « De Populorum progressio à Laudato Si’. Le travail et le mouvement des travailleurs au centre du développement humain intégral, durable et solidaire ».

En tant que base de l’épanouissement humain, le travail est une clé pour le développement spirituel. Selon la tradition chrétienne, il est davantage qu’un simple « faire » ; il est surtout une mission. Nous collaborons à l’œuvre créatrice de Dieu quand, par le biais de notre travail, nous cultivons et gardons la création (cf. Gn 2,15) (1) ; nous participons, dans l’Esprit de Jésus, à sa mission rédemptrice, lorsque, par notre activité, nous apportons leur subsistance à nos familles et nous répondons aux besoins de notre prochain. Jésus, qui « a consacré la majeure partie des années de sa vie sur terre au travail manuel, dans un atelier de menuisier » (2) et consacra son ministère public à libérer les personnes des maladies, des souffrances et de la mort, (3) nous invite à suivre ses pas à travers le travail. Ainsi, « chaque travailleur est la main du Christ qui continue à créer et à faire le bien » (4).

Le travail, outre qu’il est essentiel pour l’épanouissement de la personne, est aussi une clé du développement social. « Travailler avec les autres et travailler pour les autres » (5), et le fruit de cet agir offre « une occasion d’échanges, de relations et de rencontre » (6). Tous les jours, des millions de personnes coopèrent au développement à travers leurs activités manuelles ou intellectuelles, dans les grandes villes ou dans des zones rurales, avec des fonctions sophistiquées ou simples. Toutes sont l’expression d’un amour concret pour la promotion du bien commun, d’un amour civil (7).

Le travail ne peut être considéré comme une marchandise ni comme un simple instrument dans la chaîne de production de biens et de services (8), mais, étant la base du développement, il a la priorité par rapport à tout autre facteur de production, y compris le capital (9). D’où l’impératif éthique de « défendre les postes de travail » (10), d’en créer de nouveaux en proportion de l’augmentation de la rentabilité économique (11), tout comme il est nécessaire de garantir la dignité du travail lui-même (12).

Cependant, comme le fit observer Paul VI, il ne faut pas exagérer la « mystique » du travail. La personne « n’est pas seulement travail » ; il y a d’autres nécessités humaines que nous devons cultiver et considérer, comme la famille, les amis et le repos (13). Il est donc important de se rappeler que tout travail doit être au service de la personne (…).

Quand le modèle de développement économique se base uniquement sur l’aspect matériel de la personne, ou quand il n’est au profit que de quelques-uns, ou quand il détruit l’environnement, provoque un cri, des pauvres comme de la terre, « exigeant de nous une autre direction »  (14). Pour être durable, cette direction doit mettre la personne et le travail au centre du développement, mais en intégrant la problématique du travail dans celle de l’environnement. Tout est interconnecté et nous devons répondre de manière intégrale (15).

C’est pourquoi, et comme je l’ai affirmé dans l’encyclique Laudato si’, nous avons besoin d’un dialogue sincère et profond pour redéfinir l’idée du travail et la route du développement (16). Mais nous ne pouvons pas être ingénus et penser que le dialogue se produira naturellement et sans conflits. Il faut des personnes qui travaillent sans cesse pour donner vie à des processus de dialogue à tous les niveaux : au niveau de l’entreprise, du syndicat, du mouvement ; au niveau du quartier, de la ville, régional, national et mondial. Dans ce dialogue sur le développement, toutes les voix et les visions sont nécessaires, mais surtout les voix moins écoutées, celles des périphéries. Je connais l’effort de tant de personnes pour faire émerger ces voix dans les sièges où se prennent des décisions sur le travail. Je vous demande d’assumer ce noble engagement.

L’expérience nous dit que, pour qu’un dialogue soit fructueux, il est nécessaire de partir de ce que nous avons en commun. Pour dialoguer sur le développement, il convient de se souvenir de ce qui nous est commun en tant qu’êtres humains : notre origine, notre appartenance et notre destination (17). Sur cette base, nous pourrons renouveler la solidarité universelle de tous les peuples (18), en incluant la solidarité avec les peuples de demain. En outre, nous pourrons trouver la manière de sortir d’une économie de marché et financière qui ne donne pas au travail la valeur qui lui revient, et l’orienter vers une autre dans laquelle l’activité humaine est le centre (19).

[1] Cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, 34 ; Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens (1981), 25.

[2] Lett. enc. Laborem exercens, 6.

[3Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 261.

[4] Ambroise, De obitu Valentiniani consolatio, 62, cit. in Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 265.

[5] Jean-Paul II, Lett. enc. Centesimus Annus (1991), 31.

[6Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 273; cfr Lett. enc. Laudato si’, 125.

[7] Cf. Discours à la Confédération italienne des Syndicats des travailleurs (CISL); Lett. enc. Laudato si’, 231.

[8] Cf. Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens, 7.

[9] Cf. Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n. 276.

[10] Exhort. ap. Evangelii gaudium, 203.

[11] Cf. ibid., 204.

[12] Cf. ibid., 205.

[13] Cf. Discours à la Confédération italienne des Syndicats des travailleurs (CISL).

[14] Lett. enc. Laudato si’, 53.

[15] Cf. ibid, 16, 91, 117, 138, 240.

[16] Cf. nn. 3 e 14.

[17] Cf. Lett. enc. Laudato si’, 202.

[18] Cf. ibid., 14, 58, 159, 172, 227.

[19] Cf. Discours à la Confédération italienne des Syndicats des Travailleurs (CISL).




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