L'investissement chrétien, mais encore ?

 

Les contours de l’investissement chrétien sont définis dans le document « Mensuram Bonam » publié en 2022 par l’Académie pontificale. Qu’en est-il aujourd’hui dans la pratique des entrepreneurs et des investisseurs ? Cet investissement conforme aux valeurs chrétiennes, priorise le champ social et place l’argent dans des secteurs compatibles avec la Pensée Sociale Chrétienne. Mais encore ?

 

Mensuram Bonam :

Mensuram Bonam donne des repères et des clés pour transformer la finance en vue d’une économie qui respecte la dignité humaine et promeut une fraternité et un développement humain intégral. Son approche priorise donc le bien commun (durabilité, justice sociale…), en intégrant des valeurs chrétiennes dans la finance : les secteurs non éthiques à éviter, les labels à prioriser, l’importance d’appliquer des exigences plus strictes que les normes actuelles. Rappelons que Les EDC éclairent ce sujet pour les investisseurs et entrepreneurs avec le cahier « investir dans la perspective de la foi chrétienne » qui synthétise Mensuram Bonam.

 

 

« La finance et notamment la gestion d’actifs, se doit de servir le bien commun,

en respectant des critères justes et éthiques »

(Mensuram Bonam)

 

 

Les critères de l’investissement chrétien

Définis en 2017 par des représentants de toutes les religions, ils correspondent schématiquement aux critères « ESG » (les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ou « ISR » (Investissement Socialement Responsable). Ils proscrivent par exemple le financement de secteurs comme les énergies fossiles, l’armement, les jeux d’argents, la pornographie, les laboratoires produisant des contraceptifs etc.

Par ailleurs, une place plus importante est donnée aux critères extra-financiers de l’entreprise : différences de rémunération, place des femmes aux postes de responsabilité, actions pour l’inclusion des plus fragiles, choix de l’entreprise vis-à-vis de ses sous-traitants, salariés et consommateurs …

 

Concrètement :

Le premier fonds « éthique » français a été créé en 1983 par la religieuse Nicole Reille.C’est la crise des « subprimes » qui a ensuite souligné la nécessité d’une finance plus éthique et accéléré le mouvement.

Aujourd’hui, plusieurs fonds d’investissement chrétiens sont proposés par des banques et assurances qui s’engagent auprès des investisseurs privés ou institutionnels. Leur engagement consiste à placer l’argent dans le respect de « la protection de la vie et des plus faibles » à l’opposé des secteurs et comportements « immoraux » (comme le définit Antoine Cuny de la Verryère, auteur de « Finance chrétienne.).

Il s’agit par exemple, d’investir dans l'assurance-vie du Secours Catholique plutôt que dans des entreprises à l’impact environnemental et social négatif.

 

Un marché aujourd’hui ?

Ces dernières années, la finance chrétienne attire toujours plus d’investisseurs en France, même si le mouvement n'est pas encore massif. En revanche, le marché de l’investissement islamique occupe déjà une place très importante dans le monde.

Aujourd'hui, il est difficile d'évaluer le volume en France de cette finance chrétienne qui repose sur une douzaine de fonds portés par des acteurs généralistes de la finance (chez Meeschaert, Amundi par exemple) et des fonds à l’initiative d’acteurs généralistes ou d’institutions chrétiennes.