Presse et communication digitale
La retraite selon Soeur André ? [Podcast RCF]
Il y a eu cette formidable mobilisation la semaine dernière, mobilisation qui a fait descendre dans la rue des centaines de milliers de manifestants aux cris de « la retraite avant l’arthrite » ou « les prisonniers du boulot n’font pas de vieux os » ou bien encore « le travail nuit à la santé après 60 ans » … En entendant cela, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à soeur André, doyenne de l’humanité, morte le 17 janvier âgée de 118 ans. Officiellement elle avait arrêté de travailler à la fin des années 1970 et elle était née en 1904… je vous laisse faire le calcul de la durée de sa retraite.
Soeur André : « j’ai toujours travaillé »
En réalité, Sœur André a ensuite passé trente ans dans un EHPAD en Savoie où elle s’occupait de pensionnaires parfois plus jeunes qu’elle. Elle reconnaissait avoir levé le pied vers ses 108 ans et quand on l’interrogeait pour savoir quel était son secret elle répondait : « j’ai toujours travaillé »…
Soeur André : De la vitalité et du goût pour le travail
Tous ceux qui ont connu soeur André disent d’ailleurs que c’était précisément sa foi et son sens des autres qui expliquait sa vitalité et son goût pour le travail… C’est une indication ! Le travail quand il est tourné vers le service des autres et qu’il est don de soi semble ne plus trop compter le nombre des années. Il n’est pas moins fatiguant et certainement pas moins pénible mais il a un sens et une raison d’être qui, lorsque l’on écoute les interviews données par soeur André, peut même être source de joie.
Entrepreneurs, dirigeants et managers doivent donner du sens
La première, c’est l’obligation pour tous les entrepreneurs, les dirigeants et les managers d’entreprise de redonner du sens au travail de leurs collaborateurs. Nous en avons déjà parlé ici plusieurs fois, trop de salariés ont perdu le goût du travail car ils n’en comprennent plus le sens… Nous vivons dans l’immédiateté… qui est devenue la norme et qui nous conduit sans cesse à accélérer les rythmes à enchainer les tâches au point qu’elles finissent par ne plus avoir aucun sens…
Le sens du travail passe-t-il par la contemplation de l’œuvre réalisée ?
Aujourd’hui, nous avons trop peu l’occasion d’apprécier notre travail, de profiter du plaisir de l’œuvre accomplie de la joie du moment présent… Impossible de se retourner sur le travail achevé : il faut tout de suite enclencher sur une autre mission, se fixer d’autres objectifs, se lancer dans de nouveaux défis bref !
La joie de l’ouvrage accompli peut-elle supprimer la pénibilité du travail ?
La joie ne peut évidemment pas supprimer la pénibilité du travail mais elle peut, à tout le moins, lui donner un sens. J’aime cette belle citation – non pas de Soeur André mais de Saint Exupéry - qui nous rappelle dans Terre des hommes que : « Celui qui donne un coup de pioche veut connaître un sens à son coup de pioche. Et le coup de pioche du bagnard, qui humilie le bagnard n'est point le même que le coup de pioche du prospecteur, qui grandit le prospecteur. Le bagne ne réside point où les coups de pioche sont donnés. »
A l’école de Soeur André, notre labeur peut aussi être une offrande, un sacrifice
C’est ma deuxième réflexion qui est probablement la moins audible… ou la moins facile à dire : il y a dans le travail une dimension sacrificielle… notre labeur peut aussi être une offrande, comme celui de Soeur André. Certes, il est pénible de travailler deux ans de plus mais si ces deux années supplémentaires sont nécessaires pour assurer à la collectivité le maintien d’un régime de retraite, n’est-ce pas un sacrifice utile ?
La solidarité oblige à des sacrifices
Je suis toujours frappé par l’argumentation individualiste des réponses à cette question de l’âge de la retraite. Oui, il faut protéger les plus faibles et tenir compte des circonstances exceptionnelles qu’ils ont vécues. Pourtant, je suis aussi convaincu que la solidarité oblige à certains sacrifices et que ces sacrifices peuvent aussi passer par la prolongation du temps de travail avant de prendre sa retraite ! En fait tout le monde doit faire des efforts : les entreprises pour redonner du sens au travail de leurs collaborateurs en leur offrant les meilleures conditions pour épanouir leurs talents. Et les salariés eux-mêmes qui doivent accepter de regarder au-delà de leur seul intérêt personnel en recherchant la justice pour eux, bien sûr, mais aussi en pratiquant la solidarité…
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