Quelle réception par les Chrétiens de la question écologique ? [Podcast RCF]

Maxime Pawlak est Président de la nouvelle “commission conversion écologique” aux EDC. Il est attentif aux enjeux de la COP 28 qui a démarrée ce jeudi à Dubaï. C’est le moment de se poser la question : où en sont les chrétiens sur les questions d’écologie ?

Selon une récente étude IFOP menée par l’association “Parlons Climat”, seuls un petit quart des Chrétiens font le lien entre leur spiritualité et l’écologie. Ce n’est pas beaucoup ! En fait, les chrétiens ne sont pas spécialement plus sensibles ou plus engagés que le reste des Français sur ces questions et la moitié d’entre eux ne savent pas comment agir. Bref, on n'est pas très bons.

Est-ce que ça veut dire que le message du Pape François ne passe pas ?

En effet, le message ne passe pas mieux que pour le reste des Français, comme si notre spiritualité n’était d’aucun secours sur la question.

Pourtant, notre spiritualité devrait être un soutien qui nous conduit à l’attention aux vulnérables, et à notre prochain. Le Christ nous le rappelle dans l’évangile de dimanche dernier “tout ce que l’on a pas fait au plus petit d’entre nous, c’est à lui qu’on ne l’a pas fait”.

Pour un Chrétien, la vraie raison d’agir pour la crise écologique n’est pas la protection d’une nature divinisée qui viendrait remplacer Dieu, mais c’est la compréhension qu’à travers la protection de notre maison commune, nous protégeons notre prochain précisément, en particulier les plus vulnérables qui sont les premiers touchés par ces dérèglements.

Les enjeux sociaux et environnementaux sont liés ?

C’est ça ! comme le dit le Pape François dans Laudato Si’ : “Tout est lié”. Il y a 3 piliers qui doivent s’entretenir les uns les autres, s’équilibrer : notre relation à Dieu bien sûr, notre relation à l’homme ça on l’avait compris, mais aussi notre relation à la terre.

Si l’un des piliers est défaillant, alors il déséquilibre les deux autres. Comment respecter Dieu si je ne respecte pas sa création ? Comment dire que je respecte mon prochain si je laisse derrière moi une planète inhabitable ?

Aux EDC vous êtes des entrepreneurs et des dirigeants, quel est selon-vous le rôle des dirigeants Chrétiens pour faire advenir cette transition ?

Aux EDC, nous sommes convaincus que les entreprises ont un rôle primordial à jouer pour faire advenir, tout simplement, une civilisation de l’amour.

Et pour y parvenir, nous pensons qu’il faut adresser à la fois les enjeux sociaux et environnementaux, tout en rentrant évidemment dans une contrainte économique.

Nous, entreprises, avons un rôle clé pour sortir du triangle de l’inaction, c'est-à-dire la situation de blocage où les citoyens d’un côté, l’état de l’autre et enfin les entreprises, attendent tous que les autres bougent en premier.

Est ce possible ?

Oui c’est possible ! Il y a de plus en plus d’exemples d’entreprises, qui ont réussi à prendre un virage inspirant vers un modèle d’affaires plus respectueux de l’environnement et des hommes. Voir même un modèle régénératif, c'est-à-dire qui va capter du carbone ou régénérer de la biodiversité au service de l’homme. Il faut s’en inspirer. Ça passe toujours pas un dirigeant convaincu qui entraîne progressivement l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise : salariés, fournisseurs, actionnaires et évidemment clients.

Et la bonne nouvelle, Patrick, c’est que cette transformation est source de résilience face aux crises, aux attentes sociétales et aux évolutions réglementaires à venir. On peut prendre l’exemple des sociétés qui avaient amorcé leur transition énergétique en amont de la crise et qui ont mieux résisté. Sans compter que cette transition est essentielle désormais pour attirer des jeunes talents, ou même des clients !

Enfin c’est plus facile de bouger tous ensemble, avec ses pairs, plutôt que de le faire tout seul. C’est l’idée qu’on a aux EDC, à travers notre nouvelle commission “Conversion écologique” : créer cette dynamique et cette synergie pour se soutenir et s’inspirer à bouger tous ensemble avec le Christ en boussole.