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Quel sens pour la fraternité dans la vie réelle des entrepreneurs et dirigeants ? Tribune dans La Croix

28 avril 2021 Les EDC dans les médias
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Philippe Royer, président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, Pierre de Lauzun, président de la Commission Economie et finance éthiques, Olivier de Marignan, membre de la Commission Economie et finance éthiques des EDC publient dans La Croix ce mardi 27 avril une tribune sur la fraternité. 

 

Quel sens pour la fraternité dans la vie réelle des entrepreneurs et dirigeants ?

Le thème de Fratelli Tutti est la fraternité. D’où pour nous une question centrale : Quel sens peut prendre cet appel à la fraternité dans la vie réelle des entrepreneurs et dirigeants ?

La démonstration du Pape François s’articule autour de la parabole du Bon Samaritain. Il brandit le geste simple, concret et en proximité d’un homme ordinaire qui prend soin de celui qui est fragile, et qu’il a trouvé sur son chemin. Et il l’oppose aux complications du monde et à la dépersonnalisation des individus, rabaissés au rang de consommateurs manipulables.

L’encyclique est construite autour de l’idée qu’agir pour le Bien Commun n’est possible que si l’on part de la personne, capable de rencontre dans son intimité et dans la proximité. Le Pape s’appuie donc sur les personnes, non pas isolément, mais comprises dans les liens qui les unissent. Ce faisant il nous donne quatre clés de lecture pour concrétiser cette fraternité autour de nous, dans nos entreprises.

Une première clé : L’entreprise, un lieu de vie et de fraternité. Une large part de l’encyclique est axée autour de la notion de lieu de vie et de communauté. Elle est abordée dès le début en référence à celui qui entraîne, qui anime, qui fait grandir, dans ce qui est un lieu d’épanouissement : pour nous, l’entrepreneur. Nos entreprises sont par excellence des lieux possibles de fraternité, de par leurs caractéristiques mêmes : proximité, engagement individuel et collectif, contribution possible du plus grand nombre à un projet commun… Lieu indispensable pour permettre à chacun de se construire, de construire un « nous » qui ne soit pas une somme d’individualités, qui à elles seules ne peuvent construire le Bien Commun.

Une deuxième clé : Prendre soin de la fragilité. On l’a dit, le cœur de l’encyclique s’appuie sur la parabole du Bon Samaritain : prendre soin de celui qui tombe à nos côtés. Cette idée de fragilité s’étend à toutes les difficultés rencontrées par les personnes. Et notamment face à une mondialisation qui peut écraser et orienter faussement les destinées en niant l’histoire de chacun. Il s‘agit de prendre soin de l’autre en privilégiant la vraie rencontre, celle qui se construit de personne à personne. Ce qui ne peut se faire qu’en proximité, notamment au sein de nos entreprises. Notre rôle devient alors essentiel.

La troisième clé : Ralentir, pour commencer à changer le monde. Pour que cette rencontre puisse avoir lieu, le Pape François insiste pour que l’on prenne le temps de s’asseoir pour écouter l’autre, geste caractéristique d’une vraie rencontre. Libérer du temps dans nos entreprises pour une vraie rencontre, comme le Bon Samaritain qui décide de ralentir son propre rythme et de consacrer du temps à celui qu’il rencontre, parce qu’il est fragile. Un temps ainsi consacré ne peut être perdu : personne n’est inutile, personne n’est superflu. Il s’agit simplement d’ajuster sa propre vitesse à celle du plus fragile.

Enfin, la quatrième clé : La charité, moyen de progresser. Rechercher l’amitié sociale est une piste qui nous guide vers la charité, et nous aide à construire dans nos entreprises le monde nouveau dont nous avons la charge. S’associer à d’autres pour créer des processus sociaux de fraternité et de justice pour tous nous fait rentrer dans le champ de la plus grande charité, la charité politique. Cette charge est lourde, et suppose que l’on accepte de ne pas en sentir soi-même les effets et les bénéfices. La fraternité qui se nourrit de la charité est un si grand sujet qu’il ne peut être embrassé par un seul, ou même par une seule génération.

En résumé, il s’agit d’arbitrer notre temps pour prendre soin de celui qui est fragile dans nos entreprises, et de ne pas ménager sa peine pour assurer sa dignité. Alors nos entreprises peuvent devenir des espaces privilégiés pour que la fraternité y prenne sa source et, petit à petit, vienne transfigurer nos relations sociales ; d’abord dans ces entreprises, puis plus largement, par contagion, dans la société.






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