Les disciples de Jésus : un choix d'équipe déroutant
Nous avons dans l'Évangile l’exemple d'une équipe très performante qui au
départ n'avait rien pour le devenir. Quel chef d'entreprise raisonnable se serait
lancé dans une aventure entourée de pareilles recrues. Trop risqué ! Qui étaient les douze disciples de Jésus ? Tout d'abord 2 équipes de 2 frères Pierre et André et Jacques et Jean. Avoir des frères dans un groupe est une fragilité : ils peuvent s'entendre au détriment des autres, ou se disputer et polluer le groupe. Deux viennent de la concurrence (Jean-Baptiste) : André et Jean. De plus ces quatre-là sont des hommes simples vivant de leur pêche. Ils ne sont ni des intellectuels ni des managers prêts pour la future expansion internationale.
Thomas fait partie de l'équipe mais ne fait pas forcément confiance au leader. Matthieu est un ancien collaborateur des Romains. Simon le Zélote est un résistant qui prône l'usage des armes. Ces deux derniers ont dû avoir des échanges assez houleux. Pas sûr que leur objectif en suivant Jésus ait été le même.
Philippe, quant à lui, semble bien versé dans la religion juive. Judas Iscariote est vénal et va vendre son maître pour de l'argent. Et pourtant, c'est lui qui tient les cordons de la bourse. Franchement, Jésus a pris des risques ! Ensuite, il y a des personnalités moins charismatiques. Leur appartenance au groupe est plus floue. On entend moins parler de Barthélemy, de Jacques le Mineur, fils d'Alphée, de Jude dont le nom est remplacé parfois par Thadée. Est-ce le même ou un autre ? L'évangéliste Jean ne cite ni Barthélemy, ni Matthieu, ni Simon le zélote, ni Jacques le mineur, mais mentionne un certain Nathanaël, un peu rigide apparemment. Peut-être étaient-ils plusieurs autour du noyau dur et la reconnaissance dans la liste des Douze un peu fluctuante parfois.
Côté caractère, ils sont souvent de bonne volonté mais manquent souvent d'une compréhension juste de la situation. Ils sont plutôt couards quand un danger approche. Quasi tous fuiront quand tout ira mal lors de la crucifixion.
Pierre ira jusqu'à renier son maître. Pierre, pourtant un des leaders, n'a pas bon caractère. Il s'emporte vite. Jean, lui est appelé Fils du tonnerre, sans doute pas un doux lui non plus. Les fils de Zébédée sont plutôt carriéristes et veulent les premières places dans le royaume à venir. Ils ne jouent pas trop l'équipe.
Philippe n'est pas très sûr de lui et n'ose pas toujours s'ouvrir à Jésus. Thomas est surnommé « le jumeau ». Aurait-il une personnalité un peu double ? Quelques-uns dans l'équipe semblent avoir une relation privilégiée avec Jésus : Pierre, Jacques et Jean. Au risque de jalousies dans le groupe. Franchement, quelle drôle d’équipe ! Malgré les imperfections et les manques de chacun, leurs conflits inévitables, Jésus a su repérer chez ses disciples les qualités nécessaires pour son projet. Il a été un modèle pour eux, les a formés pendant une longue période pour qu'ils soient prêts pour leur mission future. Certains même ont vu leur personnalité transformée, symbolisée par un changement de nom. Avant de devenir des apôtres, les disciples ont même dû passer par l'expérimentation de leurs fragilités, de leurs limites. Pierre va certes renier Jésus.
Mais Jésus, par une ultime rencontre au bord de la plage, lui permettra d'assumer et de dépasser cela, le rendant capable de finir sa vie en martyr. Jésus a aussi pris le risque d'intégrer Judas. Et par sa résurrection, il a surmonté cet échec apparent. Il leur sera adjoint plus tard une nouvelle personne, l'apôtre Paul. Paul n'a pas connu Jésus mais il va enrichir l'équipe de sa culture intellectuelle, ce qui en fera le premier « théologien ». Son intégration se fera dans la douleur au vu de son passé de persécuteur. Et son caractère fonceur va bousculer les autres. Il va aussi créer une véritable rupture avec sa façon de penser à grande échelle un Évangile universel, pour les Juifs comme pour les païens. C’est évidemment un fruit de sa « diversité ».
Le livre des Actes des apôtres nous présente les apôtres avec des missions différentes mais restant en lien. Ils travaillent rarement seuls, pour pouvoir s'appuyer sur leurs compagnons de route. Cette solidarité-là semble essentielle. Ils ont décidé une répartition des rôles entre les leaders majeurs : Paul vers les païens, Pierre vers les Juifs.
Quand de grandes questions se posent, ils se retrouvent à Jérusalem pour débattre. Et dans leur argumentation revient toujours l'action de l'Esprit-Saint. Ac 11, 15: « Le Saint-Esprit descendit sur eux comme il l'avait fait au commencement sur nous aussi ». Ac 16, 8 « Dieu leur a donné le Saint-Esprit comme à nous ». Ac 15, 28: « Il a paru bon au Saint-Esprit et à nous de … » Jésus n'étant plus de ce monde, c'est l'Esprit Saint qui prend le relais, qui devient le leader commun de l'aventure et qui est gage d'unité. Bien qu'éclatés géographiquement sur le pourtour méditerranéen et travaillant dans des contextes différents, les apôtres ont pu rester solidaires les uns des autres dans l'annonce d'un même Évangile.
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