Karine Foret : « Une diversité bien pensée est souvent porteuse d’une dynamique fructueuse »
1/ En quoi votre foi transforme-t-elle votre action de dirigeante ?
Ma foi chrétienne a changé mon cœur de dirigeante et ma vision de ce qui est juste. Je ne dirige plus une équipe, je prends soin des personnes qui me sont confiées, clients, partenaires, salariés avec le souci de grandir ensemble dans nos compétences mais surtout dans notre capacité collective à faire le bien. J’assume d’être un leader intentionnellement « aimant » ! Ainsi ma vision de la performance et du profit prend une dimension plus universelle et mes décisions passent au tamis du bien commun : une décision ou une action ayant une visée exclusive de profit et qui en parallèle va détruire de la richesse ou engendrer de la pauvreté ne peut être juste.
2/ Est-ce plus difficile d’être chef d’entreprise quand on est une femme ? Avez-vous quelques exemples concrets ?
Non ce n’est pas plus difficile que pour un homme… si vous êtes célibataire et sans enfant ! Oui c’est bien plus difficile sinon ! Il faut dans ce cas vraiment être très bien entourée sur le plan personnel et ne pas compter ses heures de sommeil. En tant que femme, une remarque sexiste ajoutée à la charge mentale due à nos multiples casquettes a tendance à nous faire tomber dans la culpabilité plus vite qu’un homme : suis-je à la hauteur en tant qu’associée ? Suis-je une bonne épouse ? Suis-je une bonne mère ? Suis-je à ma place ?
Pour ma part, j’ai eu la chance de pouvoir compter sur un alignement des planètes :
- une tendance naturelle à dormir peu ;
- un mari et une famille qui me poussent plutôt que de me freiner ;
- des associés hommes qui ont eux-mêmes conscience de l’importance des femmes pour équilibrer une entreprise tout comme un foyer ;
- une organisation rodée sur tous les fronts : avec toutes sortes de solutions de backup pour me rendre disponible quels que soient les aléas de l’entreprise ou de la vie de famille ;
- un accompagnement spirituel et fraternel en Eglise et bien sûr avec mes amis des EDC, pour prendre du recul et m’encourager dans la remontée des pentes raides ;
- last not least : le Christ comme ami…
3/ Quelle est, selon vous, la valeur ajoutée des femmes dans l’entreprise ?
Je crois qu’il est de plus en plus clair pour tous les dirigeants qu’il y a un lien de cause à effet entre performance des entreprises et diversité des salariés (générationnelle, culturelle, sociale, religieuse, académique…). Une diversité bien pensée est souvent porteuse d’une dynamique créatrice de fruits, alors que l’entre soi s’avère dans bien des cas triste et stérile. Pour ce qui est des femmes, relever des défis est l’un de nos sports favoris. Sans tomber dans les stéréotypes, il est reconnu que nous n’avons pas le même rapport au risque ni les mêmes comportements que les hommes dans les situations de crise ou de conflit. Par expérience, je nous sais souvent plus capables de dépasser notre égo, d’admettre nos erreurs et de rebondir. Cela nous donne une certaine liberté. Nous avons de plus un imaginaire riche et une intelligence émotionnelle qui nous permettent d’obtenir d’excellents résultats en équipe.
4/ Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaite entreprendre ?
- Conseil N°1 : Ne jamais chercher à être « la meilleure », mais chercher à donner « le meilleur » de soi-même.
- Conseil N°2 : Se faire confiance et ne jamais avoir le moindre doute sur le fait que les femmes ont absolument tout pour être d’excellents leaders.
- Conseil N° 3 : Ne pas entreprendre seule mais s’associer avec des personnes qu’elle connait bien, et qui partagent ses valeurs.
- Conseil N°4 : Suivre des cours de gestion du temps, de gestion du sommeil, d’organisation personnelle et bien s’outiller pour être efficace.
- Conseil N°5 : Expliquer son projet et ses contraintes à sa famille tout en demandant des efforts à chacun : conjoint, enfants, grands-parents, qui seront au final très contents de contribuer, à leur niveau, à la réussite de cette aventure.
5/ Que souhaitez-vous en 2023 aux femmes dirigeantes ?
En 2023, je souhaite aux femmes dirigeantes d’oser exposer tout ce qu’il y a de beau dans l’expression d’un leadership au féminin pour faire grandir leurs collaborateurs : engagement, authenticité, humilité, générosité, joie d’accueillir le différent mais aussi leur imaginaire, leur sensibilité et leur fragilité. Tout leader qui sait montrer sa fragilité prouve à son équipe qu’il a aussi besoin d’elle pour grandir, et cette relation spéciale fortifie le collectif et fidélise les collaborateurs. Dans ces temps chaotiques de crises à répétition, je souhaite aux femmes leaders de pouvoir démontrer encore davantage leur exemplarité et leur souci du développement des autres. Enfin, je souhaite en même temps à tous les hommes de savoir exprimer aux femmes la reconnaissance qu’elles recherchent et qu’elles méritent !
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