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Discours de Monseigneur Descubes : l’humanisation du travail est la clé essentielle de la question sociale.
Voici un discours de Monseigneur DESCUBES donné à l’occasion du colloque Vie de famille, vie de couple, vie professionnelle : comment ? organisé par le CLER Amour et famille et les EDC. Selon la Doctrine sociale de l’Eglise, l’humanisation du travail est la clé essentielle de la question sociale.
« Monsieur le Président, Chers amis,
Lorsqu’il signe l’encyclique Rerum Novarum le 15 mai 1891, je ne sais si le Pape Léon XIII a conscience qu’avec ce texte naît ce que, dans son radio message de la Pentecôte 1941, Pie XII appellera la doctrine sociale de l’Eglise.
Paroles de Dieu et paroles sur Dieu, l’Evangile est aussi une parole sur l’homme et sur la société et l’Eglise a toujours considéré comme partie intégrante de la mission que le Christ lui confie d’affirmer les valeurs qui permettent à notre société d’être humaine et équitable.
Elle n’a cessé d’inviter les chrétiens et les hommes de bonne volonté à organiser la terre d’une manière juste et pacifique et cela depuis le début, le livre des actes des apôtres en témoigne, ainsi que les écrits des pères et des théologiens, les nombreuses institutions fondées par l’Eglise chaque fois que le monde a connu de profondes mutations sociales.
Mais nous le savons, c’est cependant avec la naissance et le développement industriel que s’élabore la doctrine sociale de l’Eglise et la voie ouverte par Léon XIII sera poursuivie par ses successeurs. Cette pensée sociale n’est pas sans conséquences, sans être directement la cause des évolutions sociales que nous avons connues : les premières lois sociales et celles qui vont se mettre en place à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle illustrent, si cela était nécessaire, la pertinence des intuitions de Léon XIII.
Le rôle protecteur mais aussi qui doit être mesuré de l’Etat apparaît clairement dans les lois du 13 juillet 1906 organisant le droit au repos hebdomadaire, nous savons combien c’est un sujet brûlant, et du 23 avril 1919 limitant à 8 heures la durée de la journée de travail.
De même la création du salaire minimum avec la loi du 11 février 1950 participe à l’idée que le salarié doit se voir verser une juste rémunération pour pouvoir vivre avec sa famille.
Mais le grand texte de réflexion de l’Eglise sur le travail est la lettre du Pape Jean Paul II le 14 septembre 1981 Laborem exercens.
L’humanisation du travail est la clé essentielle de la question sociale. Lorsqu’on lit dans la Genèse que l’homme est à l’image de Dieu, on doit aussi comprendre que l’homme qui travaille est à l’image du Dieu créateur.
L’homme est le sujet du travail qui a pour fin, non seulement de produire un bien ou un service mais de lui permettre de se réaliser comme homme.
Aussi doivent être rejetées toutes conditions de travail indignes et toutes perspectives de marchandisation de l’être humain, ainsi se trouve également fondée la reconnaissance d’un droit au travail dont nul ne peut être exclu.
La solidarité des travailleurs est nécessaire pour empêcher toute dégradation de la dignité humaine dans et par le travail.
Aussi un effort spécial doit il être entrepris en faveur des plus pauvres. Le travail prime sur le capital qui est un fruit du travail, fruit nécessaire pour investir et créer des emplois.
Au fond ce qui nous est rappelé est que le travail fait partie intégrante de la condition de l’homme mais ne doit pas être son unique raison de vivre.
D’ailleurs, contrairement à la conception courante de leur époque, des pères de l’Eglise n’ont jamais considéré le travail comme une œuvre pénible, mauvaise, mais au contraire comme une œuvre humaine.
Saint Ambroise écrit « Chaque travailleur est la main du Christ qui entraîne à créer et à faire le bien ».
Alors au début de ce colloque, nous ne pouvons pas ignorer, le Président Tesson vient de le rappeler, et je cite le Pape Jean Paul II, que de nouvelles interrogations, de nouvelles situations, de nouveaux problèmes font naître certes de nouvelles espérances mais aussi des craintes et des menaces liées à un oubli de la dimension fondamentale de l’existence humaine.
Et, écrit toujours le Pape Jean Paul II, peut être le travail est-il la clé essentielle de toute la question sociale et l’on ne doit pas oublier qu’il conditionne le développement non seulement de l’économie mais aussi culturel et social des personnes, de la famille et du genre humain tout entier.
Dés lors, il n’est pas étrange que les problèmes rencontrés dans une vie de couple ou vécus dans une famille, aient des répercussions sur le travail et sur ce qu’une entreprise est en droit d’attendre de ses employés.
« Le travail assure les les moyens de subsistances et permet le processus éducatif des enfants. »
En même temps, le travail est le fondement sur lequel s’édifie la vie familiale, il assure les moyens de subsistances et permet le processus éducatif des enfants. Famille et travail, si étroitement interdépendants dans l’expérience de la grande majorité des personnes, méritent donc une attention qui les comprenne ensemble, sans les limiter à une conception privatiste de la famille et purement économiste du travail.
Il est donc nécessaire et souhaitable que les entreprises, les organisations socioprofessionnelles, les syndicats et l’Etat réfléchissent aux politiques du travail et qu’ils les mettent en placent de telle manière que non seulement la cellule familiale ne soit pas pénalisée mais favorisée.
Je remercie donc l’association CLER Amour et Famille et ses partenaires de nous donner dans ce colloque l’occasion d’explorer ce champ social. »
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