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La décroissance est-elle contraire au progrès ? [podcast RCF]
En ce début d’année, l’avenir économique est si incertain qu’il est bien difficile aujourd’hui de faire des pronostics sur cette année qui commence. C’est dans ce contexte que nous pouvons nous demander si le progrès va toujours de pair avec la croissance, et si le progrès peut participer d’une certaine décroissance.
La décroissance est-elle contraire au progrès ?
Sans doute n’allons-nous pas pouvoir continuer à consommer indéfiniment les ressources de la planète sur le même rythme qu’actuellement. Il nous faudra donc inventer de nouveaux modes de consommation, découvrir peut-être de nouvelles sources d’énergie et, probablement, s’astreindre à moins consommer ou en tout cas à consommer mieux… La décroissance n’est donc pas à balayer d’un revers de manche mais l’innovation et le progrès seront les bienvenus.
Le pape François qui, dans son encyclique « Laudato si’ », écrivit que « l’heure était venue d’accepter une certaine décroissance » ?
Cette phrase, sortie de son contexte, peut prêter à bien des interprétations d’autant plus que nous savons bien que l’homme a soif de développement, de progrès, qu’il aspire à se perfectionner sans cesse. Dans le livre de la Genèse, Dieu dit « soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-là »… ce n’est pas dans notre nature de ne pas développer ce qui est à notre disposition. Toute l’histoire de l’humanité est une histoire de développement ! Et ce n’est pas dans l’ADN d’un dirigeant ou d’un entrepreneur !
Comment peut-on entendre cette décroissance dont nous parle François ?
Décroissance et croissance sont trop souvent entendues de façon quantitative. Pourtant, nous savons bien que « plus » n’est pas nécessairement synonyme de « mieux ». C’est pour cela qu’il faut décorréler la croissance et le progrès. Comme le dit Étienne Klein, physicien au CEA : « nos vélos et tous les autres objets techniques ont beau avoir remarquablement progressé, nous n'avons pas atteint l'état de béatitude que faisait miroiter l'idéologie des Lumières ».
Est-ce dans les pays qui possèdent le plus gros PIB que l’on vit le mieux ?
Tous les indicateurs quantitatifs sont trompeurs. Nous savons bien que la comparaison des niveaux de PIB ne permet pas de comparer des niveaux de satisfaction puisque la notion de niveau de satisfaction reste subjective et diffère selon les pays, les cultures ou encore les régions.
Qu’en est-il du progrès ?
Beaucoup d'entre nous ont perdu confiance en l'idée de progrès. Qu'est-ce qui explique cette forme de désenchantement ? Les causes en sont multiples mais une chose est sûre, le progrès n’est plus vu comme une promesse de solutions car malgré lui, le nombre de problèmes ne diminue pas… on n’aurait envie de dire qu'il croît à mesure que les sciences et les techniques progressent. Le progrès n'est donc plus appréhendé comme un soulagement, mais plutôt comme un souci, une inquiétude diffuse. De la même façon, il faut nous réinterroger sur ce qu’est le progrès dont on voit bien qu’il s’entend trop souvent sous l’angle technologique avec l’éternelle tentation de faire ce qui est techniquement faisable, que cela entraine un bien ou un mal…
L’homme a soif de développement et de progrès et aspire à se perfectionner…
Le progrès est bon s’il est celui du perfectionnement de la nature humaine. Le progrès fait avancer, il permet de s’améliorer et même de se bonifier. L’homme éprouve de la joie lorsqu’il progresse, qu’il se bonifie. Le progrès pose alors les questions classiques de l’éthique : n’empêche-t-il pas la personne qui l’utilise de développer ses talents ? Ne déresponsabilise-t-il pas ? son utilisation ne diminue-t-elle pas la qualité des relations entre les personnes ? ce progrès ôte-t-il à la personne une liberté fondamentale ? ou même son libre-arbitre ? Concluons par une citation de Benoit XVI extraite de Spe Salvi en 2007 : « Si au progrès technique ne correspond pas un progrès dans la formation éthique de l'homme, dans la croissance de l'homme intérieur, alors ce n'est pas un progrès, mais une menace pour l'homme et pour le monde.»
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