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La solidarité est présente dès la Création

19 février 2024 Eclairages spirituels
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La solidarité est présente radicalement dès la création. Dans la Genèse (Gn 2,7), Dieu ne créé pas un groupe mais un homme. Adam est une personne singulière et unique qui porte un nom. Il n’est pas une créature parmi
d’autres mais, une créature unique aimée de Dieu. La création du premier homme a une signification largement plus théologique qu’historique : en Adam, l’humanité est ontologiquement créée unifiée.

 

Par voie de conséquence, l’humanité est toute entière promise à la joie du salut. Certes l’élection d’Israël en fait un peuple à part, mais par cette élection le peuple élu reçoit la mission d’être un témoin pour tous les peuples. C’est
pourquoi les prophètes rappelleront sans cesse l’universalité du plan d’amour de Dieu ; « Le Seigneur de l’univers va donner sur cette montagne un festin pour tous les peuples, un festin de viandes grasses et de vins vieux, de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés. Il fera disparaître sur cette montagne le voile tendu sur tous les peuples, l’enduit plaqué sur toutes les nations. » (Is 25,6-7). Même le temple de Jérusalem est ouvert aux nations :
« ma Maison sera appelée : Maison de prière pour tous les peuples » (Is 56,7.). Dans le temple de Jérusalem, le parvis des gentils était un espace où les païens pouvaient venir prier.

 

Les lois du Deutéronome protègent explicitement l’étranger, la veuve et  l’orphelin : « Tu te souviendras qu’en Égypte tu étais esclave, et que le Seigneur ton Dieu t’a racheté de là. C’est pourquoi je t’ordonne de mettre en pratique cette parole. Si tu fais la moisson dans ton champ, et que tu oublies des épis dans le champ, tu ne reviendras pas les prendre. Ce sera pour l’émigré, l’orphelin et la veuve, afin que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes tes actions. Si tu gaules tes oliviers, tu n’y reviendras pas faire la cueillette ; ce qui restera sera pour l’émigré, l’orphelin et la veuve. Si tu vendanges ta vigne, tu n’y reviendras pas grappiller ; ce qui restera sera pour l’émigré, l’orphelin et la veuve. Tu te souviendras qu’au pays d’Égypte tu étais
esclave ; c’est pourquoi je t’ordonne de mettre en pratique cette parole. » (Dt 24,18-22. C’est ce que l’on a appelé le droit de glanage qui a perduré jusqu’à aujourd’hui.)

 

La phrase « tu te souviendras qu’en Égypte, tu étais esclave » est reprise par deux fois.

 

Elle encadre et enserre le commandement comme pour bien marteler l’obligation de solidarité et d’attention aux nécessiteux. Le motif de
l’élection d’un peuple esclave vient valider un mode de solidarité sans borne, qui ne fait pas de distinction entre les personnes. Parce que Dieu a entendu le cri d’un peuple opprimé, toutes les populations en situation de précarité font l’objet d’un devoir d’assistance. Le motif n’est pas humanitariste mais théologique, il est lié à l’histoire du peuple élu sauvé de l’esclavage. Ces préceptes ne sont ni évidents, ni faciles à mettre en œuvre. Le peuple d’Israël a résisté. La mise en œuvre de ces principes ne s’est pas faite parfaitement (cf. Rt 2,9 et 22).

 

Le livre de l’Exode est l’archétype de cette compassion ; elle se transforme en solidarité revendicatrice : « Let my people go ! » (Ex 3,7-10 TOB)


7 Le Seigneur dit : J’ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l’ai entendu crier sous les coups de ses chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances.
8 Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un bon et vaste
pays, vers un pays ruisselant de lait et de miel, vers
le lieu du Cananéen, du Hittite, de l’Amorite, du Perizzite, du Hivvite et du Jébusite.
9 Et maintenant, puisque le cri des fils d’Israël est venu
jusqu’à moi, puisque j’ai vu le poids que les Égyptiens
font peser sur eux,
10 va, maintenant ; je t’envoie vers le Pharaon, fais sortir
d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël.


Dans l’évangile de Matthieu, quand un docteur de la loi lui demande quel est le grand commandement (Mt 22,36.), Jésus rapproche en citant deux versets l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Ces deux versets sont tirés de deux livres différents. Le premier « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force » (Dt 6,5.) est dans le Deutéronome. Le second : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18.) est du Lévitique. Ce second précepte est moins connu que le premier ; il est tiré de ce qu’il est convenu d’appeler le Code de sainteté. Aimer son prochain est une expression suffisamment large pour ouvrir le champ de la charité de façon indéfinie. À la question « qui est mon prochain ? » (Lc 10,29.) Jésus répond par la parabole du bon Samaritain : un récit invraisemblable où la haine et la distance sont vaincus par la compassion, par une sollicitude qui semble sans borne : « Prends soin de lui, et si tu dépenses quelque chose de plus, c’est moi qui te le rembourserai quand je repasserai ». (Lc 10,35.)

 

Source : Cahier des EDC La solidarité dans l'entreprise




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